Joueurs de couloir : ils déploient leurs ailes (1/2)

A l'heure actuelle, le football donne de plus en plus d'importance aux latéraux modernes, qui viennent soutenir et organiser les attaques de leur équipe, meneurs de jeu depuis leur flanc. Ou à ces ailiers, qui en plus de remplir leurs tâches habituelles, doivent venir soutenir leurs défenses. Parfois, et à l'occasion d'une mise en place tactique particulière, ces deux postes ne viennent faire qu'un, donnant au joueur le rôle si particulier de milieux pistons, dans un 3-5-2 par exemple.

Focus sur le rôle crucial des joueurs de couloir.

Partie 1 : Les latéraux prennent leur envol

L'importance du poste de latéral dans le football moderne est telle que les équipes se reposent très souvent sur ces joueurs pour débloquer la situation, et les échecs en Ligue des champions l'année dernière de Lyon face à Barcelone, de la Juventus face à l' Ajax d'Amsterdam ou encore de Barcelone face à Liverpool ne sont pas étrangers aux difficultés éprouvées par leurs latéraux à peser sur la rencontre ces soirs là.

Revenons sur les événements :

F. Mendy, si précieux en Ligue 1 à l'Olympique Lyonnais pour venir déséquilibrer l'équipe adverse en apportant le surnombre et provoquant le latéral adverse, n'est jamais parvenu à se lâcher véritablement à l'aller, et Lyon a paru bien pâle offensivement. On peut aussi mentionner l'autre versant de la pièce, avec son pendant à droite, où Dubois avait été inspiré défensivement et un élément essentiel de la défense lyonnaise, mais cumulant les mauvais choix et erreurs techniques dans le dernier tiers; notamment sur des centres qui font pourtant partie de ses qualités intrinsèques.

A la première mi-temps du match retour, même combat pour F. Mendy, trop timide. Ce n'est pas un hasard si le début de seconde période durant lequel l'OL marque et fait douter le Barça coïncide avec la montée en puissance de son latéral gauche, et s'achève sur sa blessure.

Pour en finir avec Lyon, notons que le départ de F.Mendy au Real Madrid s'est fait ressentir tout au long de ce début de saison, et que si les Gones ont tant de mal à peser autrement que par des exploits individuels devant, c'est aussi parce qu'ils n'ont plus ce détonateur sur les côtés.

On peut aussi remarquer lors de la campagne de la Juve le cas de João Cancelo. Meilleure recrue du début de saison passée de la Vieille Dame après Cristiano Ronaldo, il était un élément essentiel du système d'Allegri à ses débuts.

Plus à l'aise offensivement que défensivement, il a brillé par son absence du onze de départ lors de la déroute du champion italien au Wanda Metropolitano, et a su se mettre en évidence au retour en délivrant une passe décisive, match retour au cours duquel on aura pu constater la partie de haut niveau livrée par Spinazzola, latéral gauche remplaçant un Alex Sandro hésitant à l'aller, qui avait été tranchant, intenable malgré un déchet logique au vu des actions dans lesquelles il s'engageait.

Résultat : Un match énorme des Bianconeri, une remontée 3-0 avec un triplé de Ronaldo et une qualification de la Juventus Turin.

Le match suivant a encore illustré cette importance du poste : lors du match aller contre l'Ajax Amsterdam, Cancelo est à nouveau décisif offensivement, livrant un superbe centre décisif à Ronaldo en 1ère mi-temps. Et lors de la deuxième mi-temps, il est cette fois impliqué négativement, fautif sur le déboulé de Neres en loupant son contrôle d'abord, puis en perdant son un contre un contre celui-ci, qui ne s'en était pas privé pour venir égaliser.

On peut enfin prendre l'exemple du FC Barcelone, et de Jordi Alba, qui était l'un des hommes-clés des Blaugrana cette saison, souvent instigateur du jeu d'attaque de son équipe en combinant et se projetant vers l'avant. Il a été décisif cette saison (3 buts 13 passes décisives toutes compétitions confondues), et notamment dans les moments décisifs(excellents lors des Clasico, 1 but et 5 passes décisives en Champions League).

La défaite subie par le Barça à Anfield n'est pas étrangère à la piètre prestation de cet excellent joueur, bien qu'il soit loin d'être le seul responsable , mais ses erreurs se sont payés cash, et il n'a pas su profiter des opportunités créées dans la surface adverse.

Tout le contraire de son pendant chez les Reds, où Trent Alexander Arnold, absent à l'aller, a été éblouissant, solide défensivement et excellent offensivement avec notamment un éclair de génie en la présence de cette passe décisive sur corner qui a fait le tour du monde.

De même Robertson avait été très bon ce soir là, une constante pour les deux hommes cette année d'ailleurs, la saison à 97 points de Liverpool n'étant pas étrangère aux performances du duo, qui est peut être la meilleure paire de latéraux en Premier League (voire au monde?) en 2018-2019.

28 passes décisives toutes compétitions à eux deux toutes compétitions confondues (15 pour Trent Alexander Arnold, 13 pour Robertson) ; de vrais meneurs de jeu, essentiels à la réussite de Liverpool.

A noter, comme l'ont souligné dans un de leurs podcasts les chroniqueurs de "Vu du banc", que Trent Alexander Arnold, comme Joshua Kimmich sont des milieux de formation, et donc habitués à évoluer au cœur du jeu. Une polyvalence précieuse, et amenée à faire partie de la panoplie nécessaire pour évoluer à ce poste dans le football moderne.

Les latéraux sont en quelque sorte les meneurs de jeu excentrés de ce nouveau football, plus offensifs, plus techniques, plus entreprenants, il leur appartient de lancer les attaques de leur équipe, et d'adresser la dernière ou l'avant dernière passe, sur un centre ou une passe. Certains se chargent même de tirer les coups francs, avec brio. Le latéral moderne a ainsi remplacé l'ailier de débordement, et a transcendé ce poste. Mais alors, que sont devenus les ailiers? Quel est leur rôle?

C'est à ces questions que je tenterai de répondre dans la partie 2 de cette étude sur les joueurs de couloir.

A bientôt, et bonne lecture!