Spécial Open d'Australie

Il y a quelque chose de spécial à propos de ce Grand Chelem. Ce n'est ni Wimbledon ni Roland Garros certes. Mais cet évènement est bien plus important que n'importe quel joueur et l'a encore prouvé. On est vraiment très loin de se lasser de ce superbe temps fort de la saison de tennis, et quoi de mieux qu'en discuter pour prolonger le moment.

On peut penser ce qu'on veut de l'imbroglio Djokovic, la réalité est que l'Open d'Australie n'avait pas besoin du numéro 1 mondial pour être une formidable fête tennistique. Retour sur cette superbe quinzaine australienne.

Barty pour rester

Le tennis féminin manque d'une véritable tête d'affiche. C'est une phrase qui aurait pu être prononcée avant le début du tournoi. Allez maintenant dire ça à Ashleigh Barty.

La n°1 mondiale de 26 ans a frappé un grand coup de poing sur la table, mettant fin à 44 ans de disette dans son pays en devenant la première australienne à s'imposer à Melbourne depuis 1978. Et avec la manière s'il vous plaît.

Aucun set perdu et autant de leçons de tennis données à ses adversaires que de matches joués. Tous les jeunes tennismen/tenniswomen devraient regarder et s'inspirer de la championne qui possède une maîtrise époustouflante de tous les coups de ce sport et est experte dans l'art de jouer juste.

Elle est aussi à présent devenue la seule joueuse en activité avec Serena Williams à avoir gagné un Grand Chelem sur toutes les surfaces.

Le narratif de l'identité de la patronne du circuit féminin a été assez décousu les dernières années, mais la candidature de la talentueuse australienne est certainement la plus prometteuse depuis un moment et on a hâte de la revoir à l’œuvre.

Nadal dans la légende

Un come-back inespéré. Pour le tournoi comme pour le déroulé de la finale, finale d'anthologie qui plus est. Un sacre historique, le 21ème pour le roi Rafa qui devance désormais Federer et Djokovic dans la course aux Grand Chelem.

Mais au fond, pour le taureau de Manacor, peu importe les chiffres.

Rejouer au tennis, revenir au plus haut niveau, remporter un tournoi qu'il n'avait pas gagné depuis 2009, effacer une flopée de défaites crève-cœur lors de finales passées à ce même Open d'Australie, voilà l'exploit de Nadal.

Du talent il en a, du cœur et du courage à revendre aussi, et au fond quoi de plus beau que de voir le champion s'imposer après 5 sets et 5 heures 24 d'une bataille acharnée, d'un combat au couteau.

Parce que pour en arriver là, l'Espagnol aura eu fort à faire.

Survivre un thriller en 5 sets face à un Shapovalov faisant parler la poudre en quarts de finale tout d'abord. Étouffer les espoirs de rébellion de Berrettini en demi-finale. Et surtout passer sur le corps de Medvedev lors de cette finale.

Car si Nadal est une légende, il avait en face de lui un autre véritable champion, qui sera passé tout près de le priver de ce titre.

En effet, le n°2 mondial (qui devrait bientôt devenir numéro 1) a d'abord semblé intouchable, incassable, impassable, insurmontable. Incroyable en défense, précis en attaque, bien aidé par cette merveille de revers à deux mains qui a neutralisé le lift de Nadal pendant un bon moment.

En dominant la 1ère manche, puis en arrachant la deuxième, le Russe semblait parti pour jouer à nouveau à merveille son rôle d'empêcheur de tourner en rond, en trois sets, comme il l'avait fait lors du dernier US Open face à Djokovic. C'était sans compter sur la grinta de l'Espagnol.

Lors du troisième set, avec trois balles de break, Medvedev avait certainement l'occasion de s'imposer, il a tremblé au moment de conclure.

Des choix discutables, une certaine fébrilité, notamment au filet, et l'opportunité était passée.

Il n'en fallait pas plus à Rafa. Point après point, jeu après jeu, Nadal a fait ce qu'il sait faire de mieux : se battre comme un lion. Et petit à petit, les coups droits de boutoir du gaucher ont fini par faire mouche. A force d'être pilonné, le mur Medvedev a fini par se fissurer, et pour finir de le faire tomber, Rafa a montré toute sa variété et l'étendue de son répertoire : slices, amorties, volées...

Il y aura eu tout dans cette finale, des points magistraux-ce rallye de 40 coups terminé par le slice court croisé de l'espagnol par exemple-, des fautes directes aussi, de l'émotion tout le long, de la tension,beaucoup, de nombreux rebondissements, et un sacré dénouement.

2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5 et Nadal est revenu d'entre les morts pour écrire une nouvelle page de sa légende.

Comme l'a souligné Federer en le félicitant, il y a quelques mois ils étaient tous les deux en béquilles. Nul n'aurait alors pu imaginer ou même rêver ce retour royal, encore moins avec ce scénario. Alors bravo, et Vamos Rafa!

Coups de cœur

Petit florilège de choses positivement marquantes, qu'il a été choisi de souligner ici. La liste est bien entendu subjective et non exhaustive, n'hésitez donc pas à faire vos retours sur ce que vous avez retenu de cet Open d'Australie.

- Le tennis féminin américain se porte très bien. Pas de Serena Williams mais pas de problème pour les USA. Dannielle Collins finaliste, Madison Keys demi-finaliste et Jessica Pegula quart de finaliste, difficile de demander mieux. Un titre pourquoi pas ?

A l'avenir, il en sera sans doute question mais cette quinzaine était celle de Barty et toutes les américaines se sont faites éliminer par sa main.

- Le tennis français va mieux. On ne va pas s'enflammer pour des performances dans l'ensemble certes de très bonne facture mais sans véritable coup d'éclat. Il n'empêche, après la dernière année désastreuse, voir Alizé Cornet et Gaël Monfils atteindre les quart de finales, ainsi qu'Adrien Mannarino capable de bousculer Nadal sur un set en huitièmes fait très plaisir. Arthur Rinderknech et Benoît Paire n'ont d'ailleurs pas déçu non plus.

- Le talent d'Alcaraz, le courage de Raducanu.

Commençons par le petit prodige de 19 ans. L'espagnol au débardeur a encore beaucoup de choses qu'il peut améliorer dans son jeu, cependant, il est déjà si fort, physiquement, techniquement et mentalement.

Sur le plan du résultat, il s'est incliné au troisième tour, mais c'était face à Berrettini, demi-finaliste, et l'Italien aura vu le coup passer près, très près, si près qu'il distinguait même la lame du couperet.

L'énergie, l'explosivité du jeune Carlos, l'insouciance qu'il semble porter en font un des joueurs les plus fun du circuit et il ne serait pas étonnant qu'il frappe à la porte du top 10 dans très peu de temps. Avec l'avenir, rendez-vous est pris.

La Britannique ensuite. Si elle s'est sortie avec brio d'un match piège contre Sloane Stephens au premier tour, Emma Raducanu a ensuite chuté face à Danka Kovinic en trois sets. Pas vraiment une performance à la hauteur de son nouveau statut donc.

Oui mais voilà, elle est arrivée à l'Open d'Australie avec une préparation très tronquée et a joué son deuxième tour avec des ampoules très handicapantes.

Refusant d'abandonner, elle a essayé de faire avec et malgré la défaite, repart avec le sourire de celle qui continue d'apprendre.

- Le niveau de jeu de Felix Auger-Aliassime (FAA). Certes, FAA était arrivé en demi-finale de l'US Open et s'était incliné face à Daniil Medvedev. Rebelote en Australie mais en quarts de finale cette fois. Régression ? Résultat en trompe l’œil plutôt.

En effet, là où le Canadien s'était fait dominé en trois sets secs sans avoir à opposer grand chose au Russe aux Etats-Unis, il a bien failli terrasser le monstre Medvedev en Australie. Et pour cause, un niveau de jeu flamboyant, un tennis offensif de tous les instants, FAA a pris feu lors de ce match, finalement perdu 6-7(4) 3-6 7-6(2) 7-5 6-4. Il en manque encore un tout petit peu pour parachever le résultat, mais FAA progresse énormément et il n'a que 21 ans.

- Kyrgios et Kokkinakis s'offrent le titre en double. A la maison, les Australiens ont fait le show.

Si parfois le sulfureux Nick Kyrgios a tendance à jouer avec les limites, à tort ou à raison mais se faisant plus souvent de tord à lui-même que raison, son état d'esprit atypique, son tennis fou ainsi que sa complicité avec son compère leur ont permis à tous les deux d'emmener une foule conquise dans le délire et d'ainsi apporter un véritable vent de fraîcheur sur le double à l'Open d'Australie. Car le tennis est un sport mais c'est aussi un jeu.

Set et Match pour les 'Special Ks'.

Merci pour votre attention et à bientôt sur le site!

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An English translation of the article is provided here :

There is something special about this Grand Slam. It's not Wimbledon or Roland Garros for sure. But this event is far more important than any player and has proven that again. We are really far from getting tired of this great highlight of the tennis season and what better way to prolong the moment than to discuss it.

We can think what we want about the Djokovic imbroglio, but the reality is that the Australian Open did not need the world number 1 to be a great tennis party. Let's take a look back at this superb fortnight in Australia.

Barty is here to stay

Women's tennis lacks a true boss. That's a sentence that could have been uttered before the tournament started. Now go tell that to Ashleigh Barty.

The 26-year-old world No. 1 hit the table with a bang, ending a 44-year drought in her country by becoming the first Australian to win in Melbourne since 1978. And with style, if you please.

No set lost and as many tennis lessons given to her opponents as matches played. All young tennis players/tenniswomen should watch and be inspired by the champion who has a breathtaking mastery of all the strokes of the sport and is an expert in the art of playing the right move at the right time.

She has also now become the only active player along with Serena Williams to have won a Grand Slam on all surfaces.

The narrative of who will be the boss of the women's tour has been quite disjointed in recent years, but the talented Australian is certainly the most promising candidate in a while and we can't wait to see her in action again.

Nadal writes his legend

An unexpected comeback. For the tournament as well as for the course of the final, a final of anthology moreover. A historic coronation, the 21st for King Rafa, who is now ahead of Federer and Djokovic in the race for the numbers of Grand Slam.

But in the end, for the bull of Manacor, the numbers don't matter.

To play tennis again, to return to the highest level, to win a tournament he had not won since 2009, to erase a series of heartbreaking defeats in past finals at this same Australian Open, that is Nadal's achievement.

He has talent, heart and courage to spare, and what could have been more beautiful than to see the champion win after five sets and five hours and 24 minutes of fierce battle ?

Because to get there, the Spaniard had a lot to do.

First of all, he had to survive a five-set thriller against Shapovalov in the quarter-finals. Then he had to quell Berrettini's hopes of rebellion in the semifinals. And above all, to step over Medvedev's corpse in the final.

Because if Nadal is a legend, he was facing another true champion, who came close to prevent him from winning the title.

Indeed, the world number 2 (who should soon become number 1) initially seemed untouchable, unbreakable, insurmountable. Incredible in defense, precise in attack, well helped by this marvelous two-handed backhand that neutralized Nadal's lift for a long time.

By dominating the first set, then taking the second, the Russian seemed to be on his way to play his role as the dog in the manger, in three sets, as he did at the last US Open against Djokovic. But that was counting without the Spaniard's grit.

In the third set, with three break points, Medvedev certainly had the opportunity to win, he trembled at the moment of conclusion.

Some questionable choices, a certain feverishness, especially at the net, and the opportunity was gone.

That's all Rafa needed. Point after point, game after game, Nadal did what he does best: fight like a lion. And little by little, the left-hander's forehands hit the bull's eye. The Medvedev wall cracked and Rafa showed all the variety and range of his repertoire to finally break it down: slices, drop shots, volleys...

There was everything in this final, masterful points - a 40-shot rally ended by the Spaniard's short cross-court slice, for example - as well as unforced errors, emotion throughout, tension, many twists and turns, and one hell of a finish.

2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5 and Nadal came back from the dead to write a new page of his legend.

As Federer pointed out in congratulating him, a few months ago they were both on crutches. No one could have imagined or even dreamed of this royal return, let alone with this scenario. So congratulations, and Vamos Rafa!

Personal favourites

Here is a small selection of positive things that have been chosen to be highlighted. The list is of course subjective and not exhaustive, so don't hesitate to give us your feedback on what you have retained from this Australian Open.

- American women's tennis is doing very well. No Serena Williams but no problem for the USA. Dannielle Collins finalist, Madison Keys semi-finalist and Jessica Pegula quarter-finalist, hard to ask for more. A title maybe?

In the future, it will certainly be discussed, but this was Barty's fortnight and all the Americans were eliminated by her hand.

- French tennis is getting better. We are not going to get carried away by performances that were, overall, very good, but without any real breakthroughs. Nevertheless, after the last disastrous year, seeing Alizé Cornet and Gaël Monfils reach the quarter finals, as well as Adrien Mannarino able to challenge Nadal for a set in the round of 16, is very pleasing. Arthur Rinderknech and Benoît Paire did not disappoint either.

- The talent of Alcaraz, the courage of Raducanu.

Let's start with the 19 year old prodigy. The Spaniard in the tank top still has a lot of things he can improve in his game, however, he is already so strong, physically, technically and mentally.

In terms of results, he lost in the third round, but it was against Berrettini, a semi-finalist, and the Italian witnessed the shot go close, very close, much closer than what he would have liked.

The energy, the explosiveness of young Carlos, the carefree attitude he seems to carry make him one of the most fun players on the circuit and it would not be surprising if he knocked on the door of the top 10 in a very short time. With the future, it's a date.

The Briton next. If she came out of a trap match against Sloane Stephens in the first round, Emma Raducanu then fell to Danka Kovinic in three sets. Not exactly a performance worthy of her new status.

But she arrived at the Australian Open with a very short preparation and played her second round with blisters.

Refusing to give up, she tried to make do with it and despite the defeat, left with the smile of one who continues to learn.

- The level of play of Felix Auger-Aliassime (FAA). It's true that FAA reached the semifinals of the US Open and lost to Daniil Medvedev. He did it again in Australia, but this time in the quarter-finals. Regression? No, it was more of a results deception.

Indeed, where the Canadian was dominated in three straight sets without having to oppose much to the Russian in the U.S., he almost knocked down the monster Medvedev in Australia. And for good reason : with a flamboyant level of play and offensive tennis at all times, FAA was on fire during this match, finally losing 6-7(4) 3-6 7-6(2) 7-5 6-4. He still needs a little bit more to finish the job, but FAA is making great progress and he is only 21 years old.

- Kyrgios and Kokkinakis take the doubles title. At home, the Australians put on a show.

If sometimes the sulphurous Nick Kyrgios has a tendency to play with the limits, rightly or wrongly, but more often than not harming himself more than he needs to, his atypical state of mind, his crazy tennis as well as his complicity with his partner allowed them both to take the crowd into a frenzy and to bring a real breath of fresh air to the doubles at the Australian Open. Because tennis is a sport but it is also a game.

Set and Match for the 'Special Ks'.

Thanks for your attention and see you soon on the website!

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